Lhassa envoyé spécial
Ngudub revient à la vie. Lorsque cet enfant tibétain de 11 ans est arrivé à Lhassa, l'an dernier, il n'avait connu jusque-là que l'enfermement, rejeté et attaché à longueur de journée dans une pièce de la maison familiale. Son crime? Ngudub est aveugle de naissance, c'est-à-dire, pour ses parents, des paysans pauvres du plateau himalayen, frappé par «le diable». L'an dernier, toutefois, son père a amené Ngudub dans une grande maison de Lhassa, dont la réputation avait atteint son village de la région de Shigatse, la deuxième ville du Tibet: une école pour enfants aveugles créée par Project for the Blind, une organisation non gouvernementale animée par une Allemande et un Néerlandais (1). «Lorsqu'il est arrivé, Ngudub était craintif, ne parlait à personne, monologuait dans son coin lorsqu'il se croyait seul», se souvient Paul Kronenberg, l'un des animateurs du projet.
Alphabet braille. Aujourd'hui, Ngudub court avec les autres enfants dans le jardin de l'école, dont il connaît les moindres recoins sans les voir, le sourire aux lèvres. Il apprend l'alphabet braille, peut-être plus lentement que les autres, mais, souligne Paul Kronenberg, «il revient de plus loin que les autres»... Dans quelque temps, précise-t-il, Ngudub peut espérer retourner dans une école classique et «il trouvera une place dans son village lorsqu'il pourra prouver qu'il est capable, comme les autres, de contribuer à la vie commune». Premier signe: son père, qui l'avait amené à Lhassa po