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Libération

Pérou: Fujimori jette l'éponge

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Le Président se retire après un scandale de corruption.
publié le 18 septembre 2000 à 4h26

Depuis quarante-huit heures, Alberto Fujimori n'avait plus été vu en public, alimentant toutes les rumeurs. Soudain, samedi soir, «El Chino», surnom inspiré par son origine japonaise, est intervenu en direct à la télévision. Visage tendu, le Président est allé droit au but: «Je ne veux pas constituer un facteur de troubles pour les Péruviens. Après profonde réflexion, j'ai décidé de dissoudre les services de renseignements et de convoquer de nouvelles élections immédiatement.» A la surprise générale, l'homme qui a tenu le Pérou d'une main de fer pendant dix ans renonçait au pouvoir, moins de quatre mois après une troisième réélection. «Celui qui vous parle ne se présentera pas», affirmait-il, sans préciser s'il assurerait l'intérim et sans fournir de calendrier électoral. Il n'aura guère donné plus de détails sur les raisons qui l'ont amené à jeter l'éponge après avoir mené, sans état d'âme, une lutte sans merci contre l'un des terrorismes les plus sanglants du monde, administré un traitement de choc à l'économie, avant de voir contester sa troisième élection.

Bête noire de l'opposition. C'est apparemment la diffusion, jeudi, d'une cassette vidéo qui a eu raison du chef de l'Etat. L'affaire avait, il est vrai, de quoi provoquer un séisme. La cassette fatale ­ 58 minutes ­, filmée par une caméra fixe dans le bureau même de Vladimiro Montesinos, le tout-puissant chef des services de renseignements (SIN), montrait ce dernier donnant 15000 dollars à un congressiste de l'oppositio