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Libération

Le référendum du malaise suisse

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A Renens, le vote sur un quota d'étrangers embarrasse la population.
publié le 23 septembre 2000 à 4h38

Renens envoyé spécial

Avec ses femmes portant le voile islamique, ses restaurants turcs, ses demandeurs d'asile somaliens, son millier de Kosovars et ses cinq mille Italiens, Espagnols et Portugais, Renens aurait pu être le lieu rêvé pour une campagne de l'extrême droite. Celle-ci soutient le référendum de ce week-end qui vise à limiter à 18 % le nombre d'étrangers en Suisse, clamant que «la surpopulation étrangère» menace «l'identité et l'indépendance de la Confédération helvétique».

Mais, dans les rues de la petite commune située près de Lausanne, il n'y a pas eu le moindre tract, pas un seul meeting de l'extrême droite. Or, avec son chiffre record de 54 % d'étrangers venus de 113 pays, Renens, 17 633 habitants, est la ville qui comporte, en pourcentage, le plus grand nombre de non-Suisses. Elle est le symbole même de ce que l'extrême droite exècre: le multiethnisme et le multiculturalisme. L'absence de tout débat inquiète la gauche comme la droite, qui ont peur que leurs électeurs ne soient tentés par une solution démagogique.

Frustration.Dans cet ancien bastion ouvrier touché dans les années 70 par la désindustrialisation, la maire socialiste Anne-Marie Depoisier, le radical Pierre Duc, la communiste Marianne Huguenin, eux aussi membres de l'exécutif de la commune, sont frappés par le mutisme de leurs concitoyens: «Comment vont voter les gens ? Je n'arrive pas à savoir. C'est un sujet irrationnel», dit la maire. Toutes les formations politiques locales sont opposées au réfé