Belgrade correspondance
D'abord, une voix féminine chante sur un air entêtant: «Mon amour est comme la lame d'une épée, chaque jour plus acérée; oh ma Serbie, tu es tout ce que je possède; il est hors de question qu'à quiconque je te cède.» Sur le petit écran, des images défilent sous le sigle du Parti socialiste (SPS). Sur des paysages de rêve et des joyaux de l'architecture serbe profane et sacrée, elles symbolisent l'abondance et la reconstruction. Sur un autre air, une jeune fille se tortille et chantonne: «La JUL (la gauche yougoslave unie, de Mira Markovic, femme du président, ndlr) est le bon choix et la bonne solution; votez pour la justice, le courage et l'honnêteté.» Pour les téléspectateurs, c'est le signe que le journal de 19 h 30 va débuter.
«L'ami Jiang Zemin». Une voix féminine lance, sur un ton grave: «Bonjour, vous regardez le journal de la Radiotélévision serbe (la principale chaîne publique, ndlr).» C'est le seul capté dans l'ensemble du pays. Il démarre obligatoirement sur les activités de Milosevic. S'il n'est pas en déplacement dans le cadre de sa campagne électorale, le président a toujours un télégramme de félicitations à envoyer à ses homologues qui ne le boycottent pas, comme son «grand ami», le président chinois, Jiang Zemin. Place ensuite à une autorité étrangère qui illustre la justesse de la politique du SPS de Milosevic et du parti de son épouse. «Les élections en Yougoslavie sont une lutte entre les forces progressives du socialisme et le fascis