Monténégro envoyée spéciale
Il faut passer sous une tonnelle, monter le petit escalier où des fanions yougoslaves et serbes ont été punaisés. Là, au premier étage de la maison, les fauteuils du salon en peluche jaune ont été rassemblés devant toutes les tables qu'on a pu trouver. Trois urnes y sont posées sur des napperons de dentelle. Hier, la maison d'Alexa Mijovic, professeur de gymnastique à la retraite, était l'un des trois bureaux de vote de Zetta, commune agricole du Monténégro, la petite République qui forme la Fédération yougoslave avec la Serbie.
Officiellement pour protester contre une réforme constitutionnelle concoctée à Belgrade, le gouvernement local a appelé au boycottage des scrutins législatif et présidentiel, refusant d'ouvrir les bureaux de vote publics. Seul à faire campagne, le SNP (Parti socialiste populaire) de Momir Bulatovic, favorable à Slobodan Milosevic, a donc battu le rappel pour recenser les habitations privées, les entreprises liées à Belgrade ou les locaux militaires pour dresser coûte que coûte les isoloirs.
Dans la cour d'une maison en construction, Dragan Cikovic fait les cent pas, en téléphonant sur son portable. Il est l'un des scrutateurs du bureau de vote en faveur de Vojislav Kostunica, le candidat de l'opposition à Milosevic. Mais il ne va pas voter pour lui. Ni pour personne d'ailleurs. Il était d'accord avec son parti, le DPS (Parti des démocrates de Serbie) du président monténégrin, Milo Djukanovic, pour «ne rien avoir à faire avec