Podgorica envoyée spéciale
Cela les fait rire. Beaucoup même. C'est rare au Monténégro, où les amis ont pris l'habitude depuis quelques années d'échanger en guise de salut: «Comment ça va? Comme d'habitude, j'attends la guerre civile.» D'autant que, cette fois, le sujet prête généralement plus au drame qu'à la comédie dans les Balkans: les élections législatives et présidentielle qui avaient lieu dimanche. Mais sans l'atmosphère d'apocalypse, sans le vent de panique, avec l'ombre de Milosevic et pas l'homme lui-même, le système apparaît soudain, à nu. «Et même pour nous, ça fait drôle», dit cette enseignante.
Aucune liste électorale. C'est parti doucement, dans la nuit de dimanche à lundi par une classique petite guerre des chiffres, lancée par les partisans de Kostunica, candidat d'opposition contre Milosevic, qui dénonce des manipulations plus importantes au Monténégro qu'en Serbie. Loin de Belgrade, les urnes de la petite République sont en effet réputées permettre plus facilement la fraude. Dimanche, au Monténégro, certains bureaux de vote paraissaient montés tout exprès, comme ce mystérieux local, dans un club militaire à Pogdorica, la capitale. Il est théoriquement réservé aux réfugiés serbes du Kosovo. Derrière les urnes, il y a à peine trois observateurs, tous du SNP, parti qui soutient Milosevic. Combien d'inscrits? Nul ne le sait. Aucune liste n'a été établie à l'avance. Vote qui vient: on ne demande que la carte de réfugié. «Si vous l'avez.»
Mais une des plus impor