Strasbourg envoyé spécial
Baptisons cela le paradoxe de Gago: «La science est le terrain le plus favorable à l'émergence d'une politique européenne. Et, pourtant, elle n'accède que maintenant au niveau politique le plus élevé.» Mariano Gago, ministre de la Recherche du Portugal, a tenu ces propos la semaine dernière à Strasbourg lors de la conférence sur «Le financement des infrastructures de recherche». Roger-Gérard Schwartzenberg, le ministre français de la Recherche, s'y est fendu d'une formule classique «la recherche est la nouvelle frontière de l'Europe» qui pourrait, cette fois, recouvrir une décision majeure: permettre à la Commission de financer les grands équipements scientifiques.
Le paradoxe de Gago se paie. L'addition des forces scientifiques en Europe représente un fort potentiel, surtout en recherche fondamentale. Mais le compte n'y est pas. Génomique, biotechnologie, micro-électronique, informatique, océanographie, observation de la Terre par satellite... autant de secteurs vitaux où les efforts européens, trop dispersés, mal coordonnés et sous-financés, n'ont pas tenu le choc face au rouleau compresseur américain. Derrière la Nasa ou les industriels de la microélectronique, un Etat fédéral soutient la recherche via des budgets considérables, civils et militaires.
Succès. L'Union européenne et sa Commission, elles, se contentent de financer des programmes dont l'existence est suspendue aux politiques scientifiques des Etats. Les financements de grandes infras