Commissaire européen à la Recherche, le Belge Philippe Busquin s'est fixé l'objectif de construire un «espace européen de recherche». Il dénonce le sous-financement de la science en Europe. Interview.
L'appel au financement européen ne masque-t-il pas la volonté de dépenser moins d'argent pour la recherche?
Ma responsabilité est de lancer un cri d'alarme. Les chiffres sont affligeants. Nous ne dépensons que 1,8 % du PIB pour la recherche, alors que les Etats-Unis sont à 2,7 % et le Japon à 3,1 %. Il y a dix ans, nous étions à 1,9 %. Si l'Europe ne fait pas un effort plus important, l'écart va se creuser. Quant Clinton dit: «J'augmente le budget de recherche de 8 %», personne ne peut riposter, en Europe, en égalant cette décision. Ce discours a du mal à passer, tant au niveau des responsables politiques qu'auprès du grand public ou des médias. Mais, si nous ne faisons pas cet effort, nos économies ne suivront pas. Et il faut penser à tous les secteurs, pas seulement la e-économie. Le Parlement européen a recommandé de monter à 3 % du PIB pour la recherche publique et privée, c'est la bonne voie. L'UE a un potentiel humain important, c'est l'un des foyers de la science mondiale, mais elle décline par une trop grande dispersion des efforts, un manque d'effet de taille, un défaut de coordination.
Aucune grande infrastructure de recherche européenne n'est financée par le budget européen (1), faut-il changer cela?
Les infrastructures jouent un rôle évident dans la mise en commun de no