Bangkok de notre correspondant
La crédibilité du président indonésien Abdurrahman Wahid a été de nouveau ébranlée hier par une défaite majeure dans sa campagne pour faire passer en justice l'ex-dictateur Suharto et sa famille. Un juge de Djakarta a mis un terme au procès pénal pour corruption engagé par le gouvernement indonésien contre Suharto après qu'une équipe de 24 médecins «indépendants» eut affirmé que ce dernier était en trop mauvaise santé physique et mentale pour être jugé. Beaucoup s'attendaient à ce que le procès se poursuive même en l'absence de Suharto dans le box des accusés. Mais le juge, s'appuyant sur ses vastes pouvoirs discrétionnaires, a non seulement classé le dossier mais aussi levé l'interdiction faite à Suharto depuis le début de l'année de quitter Djakarta. Le procureur général, Marzuki Darusman, a interjeté appel.
Etudiants furieux. L'annonce de la décision du juge a rendu furieux les centaines d'étudiants qui attendaient face aux grilles du ministère de l'Agriculture où se déroulait le procès. Ceux-ci ont bombardé de pierres les policiers en faction qui ont riposté à coup de gaz lacrymogènes. Un manifestant pro-Suharto a été battu à mort par les étudiants. Tard dans la soirée, des milliers d'étudiants et de partisans de Suharto étaient toujours face à face, séparés par des policiers, sur l'avenue Diponegoro, près du domicile de Suharto. «Les étudiants sont persuadés que la décision du juge est un coup
monté des partisans de l'Ordre nouveau (le régime