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Libération

Funérailles d'Etat pour Trudeau.

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L'ancien Premier ministre canadien avait rajeuni l'image du pays.
publié le 30 septembre 2000 à 4h54

Montréal de notre correspondant

Les Canadiens savaient leur ancien Premier ministre libéral, Pierre Elliott Trudeau, malade (cancer de la prostate, maladie de Parkinson). Ils l'avaient vu passer, vieillard méconnaissable, en novembre 1998 lors d'une messe à la mémoire du cadet de ses fils, Michel, 23 ans. Son décès, jeudi à Montréal, n'en a pas moins soulevé un vent de nostalgie, chez ses adversaires comme ses partisans. Ce n'est pas la disparition de celui qui rapatria au Canada, en 1982, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (1), ou du pionnier de la reconnaissance de la Chine de Mao que pleurent ses compatriotes, mais bien celle d'un «homme politique brillant et provocateur, véritable incarnation d'un Canada jeune et dynamique».

Avant «PET», au Canada, la télévision comme la politique étaient en noir et blanc. Lorsqu'il arriva au pouvoir en 1968, reconnaissent les hommes politiques de tous bords, la vie prit des couleurs. Ebahis, les Canadiens virent ce fils de bonne famille, éduqué à Harvard, à la Sorbonne et à la London School of Economics, se rendre au Parlement en décapotable, descendre des escaliers sur la rampe, réformer la loi sur le divorce, décriminaliser l'avortement et l'homosexualité, faire des pirouettes dans le dos de la reine Elizabeth. Les historiens relèveront chez «PET» quelques incohérences. C'est, par exemple, le même homme qui a promulgué la loi de «mesure de guerre» (suspension des libertés civiles et arrestations arbitraires de centaines de Québéco