«Le peuple a gagné!» Le quotidien populaire Exstra Bladet, partisan du non à l'euro, est bien le seul grand journal danois à se réjouir des résultats du référendum de jeudi: 53,1 % des électeurs ont dit non à la monnaie unique, contre 46,9 % de oui. Jamais depuis l'adhésion du Danemark à la CEE en 1972, le taux de participation n'a été aussi élevé: 87,8 %. Tandis que la communauté danoise de Bruxelles noyait son chagrin dans la bière, le Premier ministre social-démocrate, Poul Nyrup Rasmussen, a bravement encaissé sa défaite: «Une défaite pour moi, pour nous et pour le Danemark», dont il veut croire néanmoins qu'il «ne tourne pas pour autant le dos à l'Europe».
La consternation du camp du oui à Copenhague contraste avec le flegme qui prévalait dans les autres capitales européennes et sur les marchés financiers. Si la Banque centrale danoise a été obligée vendredi de remonter ses taux d'un demi-point pour riposter à un début d'attaque contre la couronne, celle des Européens à Francfort n'a pas eu à voler au secours de l'euro, dont les cours ont à peine bougé. A Tokyo, il était même en hausse vendredi matin...
«Magnifiques Danois». C'est en Grande-Bretagne que le référendum danois est le plus commenté, les eurosceptiques s'empressant de traduire le nej en no. Les tabloïds europhobes exultent: «Magnifiques Danois!», titre en une le Daily Mail. Tony Blair, toujours favorable à l'euro, affirme qu'il n'a pas renoncé, une fois réélu, à organiser son propre référendum sur la question.