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Libération

Bloody Sunday: preuve accablante

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L'IRA produit un enregistrement de soldats britanniques lors de la tuerie.
publié le 2 octobre 2000 à 4h59
(mis à jour le 2 octobre 2000 à 4h59)

Londres de notre correspondant

Un enregistrement pirate, vieux de vingt-huit ans, rend l'armée britannique responsable de l'une des pires tragédies de l'Irlande du Nord. L'IRA avait placé des micros dans la caserne Victoria, le quartier général militaire de Londonderry, et a pu ainsi capter une conversation entre deux soldats le jour du Bloody Sunday («dimanche sanglant»). La bande enregistrée a été transmise vendredi par l'intermédiaire du Derry Journal au tribunal chargé d'enquêter sur les causes de la tuerie.

Le 30 janvier 1972, 14 catholiques désarmés avaient été abattus par les parachutistes lors d'une grande marche pour la défense des droits civiques, à Bogside, un bastion nationaliste de Derry. Les chefs du premier bataillon parachutiste avaient affirmé par la suite avoir répondu à des tirs en provenance des manifestants. Une explication qui avait été longuement répétée par le ministère de la Défense. Aucune sanction n'avait été prise contre les soldats ou leurs officiers. Selon la transcription de la cassette, publiée par le Derry Journal, un para déclare que «les mauvaises personnes» ont été tuées et qu'il s'agit «de femmes et d'enfants». Il explique que l'aumônier, choqué par le comportement de la troupe, veut se plaindre au commandant. «Au général Ford? Il jubilait», lui répond son compagnon d'armes. Et d'ajouter à propos de son supérieur: «Il a dit que c'était la meilleure opération qu'il ait jamais vue depuis longtemps.» «Bon, excellent», ajoute le premier. «Il a