Londres de notre correspondant
«Séisme constitutionnel», «porte ouverte à l'anarchie», «victoire des criminels et des déviants sexuels»... Conservateurs, traditionalistes et eurosceptiques de tout poil n'ont pas de mots assez forts pour dénoncer l'entrée en vigueur, aujourd'hui, de la Convention européenne des droits de l'homme. En toute logique, le texte, vieux de cinquante ans et garantissant les droits et les libertés de chacun, ne devrait pas faire peur à un pays protégé depuis trois siècles par l'habeas corpus. Mais ses détracteurs annoncent déjà la paralysie de l'Etat, la fin du Parlement et l'instauration d'une «dictature des juges».
Il n'existe pas outre-Manche de Constitution écrite ni de code civil. Le royaume n'est même pas soumis à un ensemble de règles uniques. Angleterre, pays de Galles et Ecosse disposent chacun de son propre système judiciaire. C'est le triomphe de la coutume (common laws), du droit naturel (equity), mais aussi d'un Parlement entravé par aucune charte fondamentale. A plusieurs reprises, ces dernières années, la Grande-Bretagne a été condamnée par la Cour européenne et contrainte de modifier ses lois. En adoptant la Convention des droits de l'homme, le ministre de l'Intérieur, Jack Straw, espérait mettre enfin son pays en conformité avec le continent.
Un magistrat écossais, lord McCluskie, a d'ores et déjà prédit une avalanche de recours devant les tribunaux. «C'est un grand jour pour les cinglés, une mine d'or pour les avocats et un casse-tête p