Moscou de notre correspondante
Dans la crise en Yougoslavie, la Russie, le grand frère slave et orthodoxe, a un rôle à jouer. Cela est une évidence. Mais lequel? Là, les choses sont beaucoup moins claires et Moscou danse depuis une semaine une valse-hésitation, louant un jour la volonté de changement des Serbes, refusant le lendemain de se prononcer dans une affaire intérieure ou proposant diverses médiations aux contours flous. Malgré les pressions de Washington et de l'Union européenne le Kremlin refuse de proclamer Vojislav Kostunica vainqueur du premier tour de la présidentielle.
Noeud de la crise. Le communiqué par lequel le président russe, actuellement en visite en Inde, invite prochainement à Moscou Slobodan Milosevic et Vojislav Kostunica, dissipe les derniers doutes. Vladimir Poutine, dit ce communiqué, «est prêt à recevoir dans les prochains jours à Moscou les deux candidats arrivés au deuxième tour». Or, c'est bien la tenue de ce second tour, adjugé frauduleusement par la commission électorale yougoslave selon l'opposition, qui constitue le noeud de la crise. Admettre la légitimité de ce second tour n'est ni plus ni moins qu'un soutien à Milosevic. Il est probable que ce faisant Moscou cède à des considérations d'abord d'ordre interne.
Le Kremlin a rejeté les demandes pressantes de l'opposition serbe de vérifier le décompte des voix. «A mon avis, le décompte des voix et sa vérification sont, cela s'entend, l'affaire de la société yougoslave», a exprimé hier dans un