Entre les dorures de l'opéra de Dresde, il y avait comme un fantôme, hier, à la fête des dix ans de l'unité allemande. Helmut Kohl, le chancelier qui a scellé la réunification le 3 octobre 1990, n'a cessé d'être évoqué par les quatre orateurs invités à célébrer son oeuvre: le président en exercice de la chambre des Länder, Kurt Biedenkopf, le président de la République, Johannes Rau, le dernier Premier ministre de la RDA, Lothar de Maizière, et le chef de l'Etat français, Jacques Chirac.ÊMais Kohl n'était pas là: paria en Allemagne depuis les révélations sur ses caisses noires, il avait bien été invité mais sans avoir le droit de tenir un discours.ÊVexé, il a préféré boycotter la cérémonie.
Le malaise était d'autant plus grand que l'orateur d'honneur était Jacques Chirac, lui-même en proie aux affaires dans son pays. Le président français a tenté de sauver l'exercice par un discours très général, rendant lui aussi un hommage à Helmut Kohl, «ami fidèle de la France, qui restera dans l'Histoire comme un grand Allemand et un grand Européen».
Un autre spectre, évoqué entre les lignes de son discours, fut François Mitterrand, resté dans les mémoires allemandes comme réticent à la réunification: Chirac, lui, avait «depuis longtemps perçu comme une évidence que l'Allemagne devait être et serait un jour réunifiée», «et je l'avais dit», a-t-il insisté. Dix ans après, le successeur de Mitterrand a apporté la bénédiction ultime et entière de la France à l'unité allemande.
Dans son rôle de