Menu
Libération

«Kolubara nous rend notre honneur perdu»

Article réservé aux abonnés
Véritable Etat dans l'Etat, la mine a servi de catalyseur à la grève.
publié le 4 octobre 2000 à 5h03

Belgrade correspondance

Ils sont sept mille dans les immenses mines de charbon de Kolubara, à 50 km de Belgrade, encerclés par les forces de police. Sept mille avec lesquels le régime de Milosevic daigne tenter de négocier alors qu'il n'a pas un regard pour le reste de la Serbie, pourtant également bloqué. Sept mille «à faire grève pour nous tous, tombés si bas que nos arrêts de travail ne se remarquent même pas, dit un professeur, opposant à Milosevic. Depuis une semaine, la légende de Kolubara nous rend notre honneur perdu».

Décennie de guerres. C'est en effet avec «humiliation et désarroi que nous avons reçu lundi le mot d'ordre d'un blocus général lancé par l'opposition, raconte un opposant. Nous nous sommes rendu compte à cette occasion que nous sommes si faibles qu'il n'y a rien à bloquer chez nous. Rien ne fonctionne déjà plus». Après une décennie de guerres, les bus et les trains se font attendre des heures chaque jour de l'année et, tous secteurs confondus, la production tourne à 26 % de ses capacités de naguère.

Dans cette débâcle, Kolubara est l'un des derniers bastions de la classe ouvrière, au sens historique du terme. Plein rendement, plein emploi, la plus grosse concentration de salariés de tout le pays. Comment en serait-il autrement? A lui seul, le site fournit en énergie plus de 60 % des grandes centrales électriques qui alimentent à 95 % la république de Serbie. Or l'électricité, ici, cela a toujours été davantage que de la lumière. C'est tout un programme, u