Oum El-Fahem envoyée spéciale
Appelons-le Ahmed. Il ne veut donner ni son nom, ni son âge, pas même montrer son visage. Une cagoule en laine noire ne laisse entrevoir que ses yeux et sa bouche surmontée d'une moustache naissante. Il doit avoir 17 ans et roule ses biceps dans un tee-shirt blanc. Planté sur le barrage qui coupe depuis deux jours la grande route conduisant de la région de Tel-Aviv à celle de Hafula (nord d'Israël), au niveau du carrefour dit d'Oum El-Fahem, il esquisse un grand geste de la main et affirme: «Cette route restera bloquée encore longtemps, on n'est pas près de laisser la police la rouvrir.» Autour de lui, un paysage de désolation: des lampadaires désarticulés, des pneus brûlés, de la ferraille qui achève de se consumer et surtout des pierres, partout des pierres.
Représailles. Situé au creux de deux collines habitées, Eïn Brahim à gauche et Oum El-Fahem à droite, en plein coeur d'Israël, ce carrefour a été la scène, lundi, d'une grave fusillade entre les forces de sécurité israéliennes, postées sur les hauteurs, et les manifestants arabes israéliens regroupés en contrebas. Ceux-ci affirment qu'ils ne faisaient qu'attendre, désarmés. Vu l'excitation qui gagne soudain la cinquantaine d'homme regroupés près du barrage à l'approche d'une Jeep, le doute est permis sur le calme dont ils auraient fait preuve lundi. Ils ne sont pas armés, mais la haine se lit dans leur regard. Certains font déjà provision de pierres. «Les juifs ont tué quatre d'entre nous, o