Strasbourg envoyé spécial
Romano Prodi a endossé les habits de Jacques Delors, son prédécesseur de 1985 à 1995. Après une première année calamiteuse à la tête de la Commission européenne, l'ancien président du Conseil italien semble enfin avoir compris que son rôle n'est pas d'être aux ordres des Etats membres de l'Union, mais bien d'être le moteur de l'intégration communautaire, le «Monsieur plus» de l'UE, même si c'est au prix de fâcheries avec les capitales. Dans un Parlement européen aux deux tiers vide, Prodi a ravi hier les députés présents en condamnant vigoureusement cette «tendance inquiétante [des Etats] à croire que la construction européenne pourra se poursuivre à partir de méthodes basées principalement sur une collaboration directe entre gouvernements», en un mot, l'«intergouvernemental».
Car si l'Europe est aujourd'hui un grand marché régulé, c'est grâce à la «méthode communautaire»: une Commission qui propose, un Conseil des ministres qui décide à la majorité qualifiée en accord avec le Parlement européen. La date de l'intervention de Prodi ne doit rien au hasard: le jour anniversaire de la réunification allemande, et à trois jours du discours sur l'Europe que doit prononcer, à Varsovie, le britannique Tony Blair, qui devrait justement vanter les mérites de l'«intergouver- nemental»...
Agacement. «Prodi a enfin brisé les liens qui l'unissaient aux gouvernements, s'est réjoui François Bayrou, le patron de l'UDF. Et Moscovici avait vraiment l'air de penser "ce typ