El Ejido envoyé spécial
La grève a pris comme un feu de paille. Cela a commencé par une marche de protestation, suivie d'une altercation avec la police. Puis il y a eu l'arrestation musclée d'un Ghanéen et d'un Nigérian, sans raison. Une centaine d'immigrés noirs africains ont alors investi le siège de deux syndicats pour observer une grève de la faim. Cela fait près d'une semaine qu'ils sont là, visiblement diminués mais déterminés. A Roquetas, petite station balnéaire proche d'Almeria (Andalousie), comme dans l'église San José d'Almeria, où d'autres immigrés menacent aussi de mettre fin à leurs jours, le slogan est lancé: «Les papiers ou la mort!»
Salaire de misère. Ce jusqu'au-boutisme s'explique par la déception de tous les laissés-pour-compte de la procédure exceptionnelle de 100 000 régularisations, bouclée par le gouvernement en juillet. Dans la province d'Almeria, ils sont près de 10000 à avoir été déboutés, soit près d'un candidat sur deux! Ibrahim, un Ghanéen de 37 ans, ne décolère pas: «C'est vrai que certains sont arrivés récemment par la mer en clandestins. Mais on est beaucoup à s'être fait berner. Moi, je suis arrivé à Almeria en 1995. J'ai fourni une infinité de preuves de mon long séjour: certificats médicaux, cachets postaux, témoignages d'employeurs... Toutes ces années à courber l'échine, à suer sous des plastiques pour un salaire de misère, et tout ça pour rien!» Youssouf, un Sénégalais qui coordonne le mouvement, avertit: «On veut juste être légalisés et