Moscou de notre correspondante
Le président Boris Eltsine n'aurait plus été qu'un vieil homme «très fatigué» quittant de son propre chef et «d'un coeur léger» le pouvoir à la veille du 1er janvier 2000. C'est la version que cherchent à faire accroire ses mémoires dont un chapitre a été publié cette semaine par l'hebdomadaire moscovite Argoumenti I fakti (Arguments et faits). «Je porte seul, écrit-il, le poids de la décision prise. Presque seul. Une seule personne est au courant de ma décision. Cet homme s'appelle Vladimir Poutine.» Eltsine raconte alors comment quinze jours plus tôt il a convoqué Poutine pour lui faire part de sa prochaine démission. «Je pense que je ne suis pas prêt à cette décision, Boris Nikolaïevitch», aurait répondu Poutine lors du premier entretien que les deux hommes ont eu sur ce sujet le 14 décembre. Pour Eltsine, cette réponse révélait les «doutes d'un homme fort».
«Sens moral». Suivent de longs jours à dissimuler à tous sa décision. «C'est très difficile de garder pour soi un poids si lourd. J'ai tellement envie d'en parler avec quelqu'un. Mais je ne peux pas. Si l'information fuit, raconte l'ex-président, tout sera perdu. Le sens politique, moral, humain, de ce geste sera perdu. L'énergie découlant de cette décision sera perdue.» Il attend le moment propice puis lance «très vite le mécanisme de réalisation», convoquant coup sur coup le chef de son administration, ses conseillers juridiques, son attaché de presse, les télés et les agences.
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