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Libération

Baroud de déshonneur pour Walesa

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publié le 7 octobre 2000 à 5h08

Rybnik (Silésie) envoyée spéciale

Lech Walesa a pris place dans le semi-remorque jaune canari de la radio RMF-FM, qui trône sur la place du Marché de Rybnik. Pour la dernière étape de sa campagne, il participe à un jeu de questions-réponses avec les habitants. Mais la foule est clairsemée. Derrière la vitre du studio, Walesa s'énerve contre les pages de publicité qui s'éternisent : «On ne peut pas parler ici, venez plutôt à mon meeting à 18 heures, à la Maison de l'artisanat.»

«Ragots». «Avez-vous une solution pour lutter contre le chômage en Silésie?», interroge un habitant de la région, siège d'industries minières et sidérurgiques durement touchées. «Non, réplique Walesa, mais si les Occidentaux m'avaient écouté, s'ils n'avaient pas donné tant d'argent à la Russie, on n'en serait pas là.» Dans l'assistance ­ une centaine de personnes dans une ville de 100 000 habitants ­, certains s'esclaffent. D'autres passent leur chemin, haussant les épaules : «Il n'a plus rien à dire». Crédité d'à peine 2 % des voix à la présidentielle de dimanche, Walesa, le héros de Solidarité qui dirigea le premier syndicat indépendant du monde communiste, mène une campagne pathétique. Sous le slogan «Oui c'est oui, non c'est non», il sillonne la Pologne pour expliquer qu'il reste le seul à pouvoir la sauver des «menteurs» et des «tricheurs». Mais les Polonais sont fatigués du grand homme. On ne vient plus voir Walesa que par curiosité, par nostalgie ou pour se distraire.

Pourtant, il n'a guère changé.