Lodz envoyée spéciale
La vedette se fait attendre. Sur la scène du palais des sports de Lodz, le groupe rock Vox chauffe la salle. Les spectateurs tiennent tous un ballon à la main, bleu sur les gradins de droite, blanc à gauche. A l'arrivée d'Aleksander Kwasniewski, c'est l'ovation. «Allumez les lumières que je vous voie tous, que je mesure notre force», lance le Président, costume marine et cravate bleu clair assortie à ses yeux. Dehors, un petit groupe d'opposants manifeste devant le bâtiment. «Ne les sifflez pas, applaudissez-les, crie le héros du jour, le mal vaincra le bien!»
Tony Blair de l'Est. Aleksander Kwasniewski, 46 ans, qui a été réélu hier à la tête de l'Etat polonais, est d'abord un produit qui se vend bien. Loin de l'archaïsme d'un Lech Walesa, il a mené une campagne à l'américaine, festive et vide de contenu. Devant ses partisans à Lodz, il dit qu'il «a été un bon président et qu'un bon président fait avancer le pays». Il évoque aussi les «pauvres, qu'il ne faut pas oublier» et auxquels sa femme se consacre tant. A la façon d'une First Lady américaine, Jolanta Kwasniewski, une jolie brune qui rivalise de popularité avec son mari, mène une action caritative très médiatisée. Mais Kwasniewski, l'ex-communiste brillamment reconverti à la démocratie, rêve plutôt d'être le Tony Blair de l'Europe centrale.
Il est incontestablement le phénomène politique de ces dernières années en Pologne. Aux débuts des années 90, sur les ruines d'un PC moribond, il a d'abord réussi