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Libération

«Il est temps d'enlever à l'armée sa muselière»

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publié le 11 octobre 2000 à 5h14

Hébron envoyé spécial

Hébron la Rebelle s'offre une petite sieste. Une pause. Epicentre du séisme palestinien en Cisjordanie, la cité des Patriarches avait retrouvé hier ses allures de bourgade prospère. Cafés bondés, bazar coloré, embouteillages inextricables. Par petits groupes, les filles voilées, lourds classeurs sous le bras, traînent devant les éventaires des bijoutiers. Les garçons, en bandes bruyantes, se campent face aux devantures des copistes qui, sur leurs puissants magnétophones, dupliquent à l'infini les derniers tubes du hit-parade oriental. Les jeunes frondeurs des jours derniers ne semblent aspirer qu'au repos. Une accalmie rondement mise à profit par les commerçants, heureux de regonfler un chiffre d'affaires écorné par les événements de la semaine.

Consignes de modération. Les trottoirs ne se vident qu'aux abords du vieux marché aux légumes, en bas de l'avenue principale. Là, sur une centaine de mètres, derrière une barricade de poubelles carbonisées, ce sont des pneus brûlés par les émeutiers qui ont noirci la chaussée. Accoudés à l'étal ambulant d'un marchand de pastèques, deux policiers palestiniens surveillent mollement l'accès à ce champ de bataille. Leurs consignes sont de modération, et rares sont les gamins qui défient leur autorité. Deux ambulances, frappées du croissant rouge, montent toutefois bonne garde. «Mais pour l'instant, tout est calme», constatent les factionnaires.

A un jet de pierre, protégés par d'imposants blocs de béton, les soldats de