La justice est théoriquement indépendante du pouvoir politique, à Belgrade comme ailleurs, mais les juges de la Cour militaire suprême ont manifestement pris acte des changements en cours. Condamné en mai dernier à sept ans de prison ferme pour «espionnage» et «diffusion de fausses nouvelles», le journaliste Miroslav Filipovic a été acquitté hier. Selon son avocat, les juges ont cassé le verdict de première instance «qui reposait sur de sérieux vices de procédure». Aussitôt après, Filipovic a franchi la grande porte de la prison de Nis (200 km au sud-est de Belgrade), accueilli par une cinquantaine de journalistes et d'amis ainsi que par le maire de la ville, Zoran Zivkovic, un des grands ténors de l'ex-opposition. Vêtu d'un tee-shirt jaune, entouré de sa famille, il a simplement lancé: «Je me sens très bien, je n'ai pas commis les faits pour lesquels j'ai été condamné.» Le cas Filipovic avait mobilisé depuis six mois les organisations de droits de l'homme, et par deux fois l'Union européenne avait ouvertement évoqué son sort dans des communiqués dénonçant «les conditions de son procès et de son incarcération». Journaliste en Serbie centrale pour le quotidien Danas, collaborateur local de l'AFP, Miroslav Filipovic avait décidé, quelques mois après les frappes de l'Otan et les grandes manifestations qui les avaient suivies en Serbie centrale, de résister à son petit niveau. Informé par des amis mobilisés au Kosovo, il envoya un long récit circonstancié à IWPR (International W
Le journaliste Filipovic acquitté
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par Marc Semo
publié le 11 octobre 2000 à 5h14
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