Au «Liberté, Egalité, Fraternité» de la Révolution française, les petits écoliers devront-ils bientôt ajouter les six valeurs fondatrices de l'Union européenne: «Dignité, Libertés, Egalité, Solidarité, Citoyenneté et Justice»? C'est l'ambition des auteurs de la «Charte des droits fondamentaux», qui sera soumise demain à Biarritz aux quinze chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union avant d'être «proclamée» à Nice, en décembre prochain.
Ce texte de 54 articles est sans équivalent dans le monde puisque s'y trouvent mêlés, pour la première fois, les droits civils et politiques (liberté d'expression, droit de vote, prohibition de la peine de mort, etc.), les droits économiques et sociaux (droit de grève, syndical, d'accès aux soins médicaux) ainsi que les droits dit de «la troisième génération» (environnement, consommation, droit à la paix, etc.).
Déficit d'âme. «Cette Charte n'est pas une révolution dans l'énoncé des droits», constate Dominique Rousseau, professeur de droit public à l'Université de Montpellier, puis-qu'elle se contente d'effectuer une synthèse de droits déjà existants, dans les textes nationaux ou les conventions internationales. «Mais c'est néanmoins une révolution par le fait que quinze peuples européens qui ont chacun leur culture et leur histoire, déclarent leur adhésion à cet ensemble-là de principes fondamentaux, poursuit Dominique Rousseau. Tout le monde peut s'en accommoder même si aucun peuple ne peut s'y retrouver entièrement.» On comprend dès lors que