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Enquête

Belgrade plan de chute

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Dans l'apparent désordre des heures précédant la chute de Milosevic et l'avènement de Kostunica, il y avait aussi beaucoup d'ordre. Récit des heures qui ont préparé la prise du Parlement.
publié le 16 octobre 2000 à 5h24

C'était un beau jour pour une révolution. «Mais c'est comme si ces heures nous avaient échappé. On y était mais on n'y était pas», dit Anka, professeur à Belgrade. «Il faisait soleil, puis, d'un coup, le brouillard. C'est de ce brouillard des lacrymogènes et des gaz dont je me souviendrai. On ne voyait rien, on ne comprenait rien. Quand on a arrêté de tousser, c'était déjà fini.» La chute du régime de Slobodan Milosevic, que guettait le monde entier, a marché à l'allure d'un commando, de 15 à 17 heures. C'est Ilic, maire de la petite ville de Caçak, qui a le premier crié victoire à sa façon. «Nous avions un plan, c'était une opération préparée.» Dans son bureau de la municipalité de Cukarica, près de Belgrade, Miroslav Urtaric, du Parti démocrate serbe, est plus calme. «Il y avait un compte à rebours : trois jours avant le deuxième tour, qu'il fallait rendre impossible, sans aller jusqu'à remettre en cause le processus électoral et donc la victoire de Kostunica. Nous devions faire vite, sans violence. Nous étions certains de la victoire, mais avec une inconnue : jusqu'où iraient-ils pour se protéger ? On prévoyait un ou deux jours de siège.» L'histoire de ce jour est celle d'une foule, de quelques hommes et d'un régime qui se retourne plus qu'il n'est renversé.

Ce jeudi 5 octobre au matin, tous les bourgs de Serbie se ressemblent. Sur chaque place, il y a cette même bousculade, les moteurs qui ronflent, les Klaxon des cars. Depuis le début de la semaine, plus de 40 villes son