Le dernier des trois leaders de la guerre en ex-Yougoslavie, le Bosniaque Alija Izetbegovic, vient de quitter la scène politique. Il est le seul à partir de son plein gré : le Croate Franjo Tudjman s'est accroché au pouvoir jusque sur son lit de mort, en décembre dernier, et le Serbe Slobodan Milosevic, rejeté par les électeurs, a dû se démettre sous la pression de la foule.
A la veille de législatives décisives, prétextant de sa mauvaise santé, Izetbegovic a annoncé samedi qu'il démissionnait de son poste à la présidence de Bosnie, mais restait à la tête de son parti. Il avait promis de le faire il y a déjà quelques mois alors que le SDA (Parti d'action démocratique) est en perte de vitesse.
Izetbegovic a toujours été un personnage plus complexe que Tudjman, l'ex-général des partisans converti au nationalisme comme on entre en religion, et Milosevic, l'ex-apparatchik qui a fait du nationalisme un instrument de pouvoir. Quand, dans la foulée de la chute du Mur en 1989, le pluripartisme acquiert droit de cité en Yougoslavie, Izetbegovic est l'une des rares personnalités en vue en Bosnie. Anticommuniste notoire, il est avant tout un homme de religion. Sa «déclaration islamiste», un manifeste politico-philosophique, lui avait valu dans les années 80 plusieurs années de détention. Il avait déjà été détenu dans les années 50 en tant que membre d'un cercle de jeunes musulmans.
Au début des années 90, désireux de sauvegarder l'unité de la Bosnie-Herzégovine, alors que se propage la ru