Tchétchénie envoyée spéciale
Passé une quinzaine de postes de contrôle depuis Goudermes dans la direction du sud montagneux, c'est un village comme tant d'autres dans la Tchétchénie en guerre. Certes encerclé par les forces russes, mais si profondément enfoui dans les forêts qu'il reste en fait le domaine des boïviki, les rebelles indépendantistes. Depuis leur sortie de la capitale Grozny, début février, les combattants tchétchènes n'ont pas contre-attaqué de façon spectaculaire, mais ils demeurent présents, groupes mobiles et rapides autour de villages censés être contrôlés par les Russes. D'un côté comme de l'autre, la présence de l'ennemi est connue. Mais personne ne bouge. Les Russes par peur du contact, les rebelles par peur de représailles sur leurs villages.
Pas d'accord. Dans un épais brouillard, cinq silhouettes masculines se dessinent au bord de la route. Muni d'une scie électrique, l'un d'eux coupe des troncs d'arbres posés sur le bas-côté sous le regard bienveillant de deux «anciens» assis près d'un kiosque. Aslan a 25 ans. Comme ses camarades, il a combattu aux côtés des boïviki lors du précédent conflit russo-tchétchène (1994-1996), mais cette fois-ci, il n'a pas rejoint leurs rangs. «Ils ne savent même pas eux-mêmes ce qu'ils font, ils ne combattent pas pour une idée comme la dernière fois», explique Aslan. «Et puis, surtout, je ne suis pas d'accord avec la façon dont cette guerre a commencé», ajoute-t-il (en août 1999, deux villages du Daghestan voisin avaient