Francfort-sur-le-Main envoyée spéciale
Flottant dans une veste grise, on dirait une ombre qui pénètre ce mardi dans la cour d'assises de Francfort: amaigri, joues creusées, Hans-Joachim Klein, 52 ans, porte gravées les traces de ses plus de vingt ans de planque. En silence, il écoute la lecture de l'acte d'accusation, qui décrit sa participation à l'enlèvement des ministres de l'Opep à Vienne en 1975, mené par Carlos. En grande part, l'accusation reprend le récit que Klein en a fait lui-même, en 1979, dans son livre de rupture avec le terrorisme (1): les ministres devaient être emmenés en avion puis relâchés chacun dans leur pays, après lecture d'un communiqué de soutien à la cause palestinienne. Sauf les ministres saoudien et iranien, que le commando avait prévu de tuer d'emblée. «Klein n'avait pas d'objection» à ce projet de meurtre, souligne le procureur. Les deux ministres ont finalement eu la vie sauve, mais trois otages furent abattus durant la prise d'assaut.
Chaos de l'enfance. Poursuivi pour ce triple meurtre, Klein risque la perpétuité, la peine à laquelle il avait espéré échapper en se cachant en France, jusqu'à ce que les policiers le retrouvent en septembre 1998. Hésitant, puis de plus en plus assuré, l'accusé commence ensuite à raconter. Son enfance d'abord: «Je suis né le 21 décembre 1947 à Francfort avec, selon les dires de mon père, de gros problèmes à la naissance. Ma mère est morte le 7 avril 1948. Je croyais que c'était suite à ma naissance et parce qu'elle