Bangkok de notre correspondant
Malgré tous ses efforts pour se donner l'image d'un homme d'Etat responsable, le président philippin Joseph Estrada, un ancien acteur de films d'action, a bien du mal à échapper à sa réputation de noceur, amateur de femmes et de jeux de hasard. L'accusation de corruption vient cette fois d'un de ses compagnons de virée, Luis Singson, gouverneur de la province d'Ilocos Sur. Elle a déjà débouché sur la plus grave crise politique à laquelle fait face le Président depuis le début de son mandat, il y a deux ans. Le Parlement a débattu hier d'une possible procédure d'impeachement (destitution) à son encontre. Simultanément, des milliers de manifestants ont bloqué les rues de Makati, le quartier des affaires de Manille, brandissant des portraits d'Estrada en forme de carte à jouer et réclamant sa démission.
Ce nouveau scandale, le dernier d'une longue série, baigne dans le monde trouble des jeux et des loteries, une énorme industrie aux Philippines où 60 % de la population s'adonne aux paris et qui rapporte mensuellement des millions de dollars aux notables qui la contrôlent, souvent des officiels de haut rang. Le gouverneur Singson, lui-même un baron des cercles de jeu, est furieux d'avoir été laissé de côté quand Estrada a lancé récemment une nouvelle loterie, baptisée le «Bingo 2-ball». Se sentant «trahi» par un ami de plus de trente ans, Singson affirme lui avoir apporté toutes les semaines pendant vingt-deux mois des valises contenant une partie de