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Libération

Un village ivoirien très en faveurs.

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Ce fief d'un conseiller du général Gueï profite des subsides de l'Etat.
publié le 19 octobre 2000 à 5h32

Yacoulidabouo envoyé spécial

Vêtus comme les Rois mages, en lourdes toges et coiffés de calots constellés de pièces d'or, les anciens ne se déplacent plus à la lisière du village pour accueillir l'hôte de marque. Ils l'attendent au seuil de la salle polyvalente. Certes, leur chef fait toujours trois fois le tour de l'invité avec une poule blanche, en signe de paix, avant d'accoler quelques plumes aux tempes et au front du bienvenu, à l'aide de la bave de l'animal. Mais ensuite, les gardiens d'une tradition désormais bien évolutive somnolent sur des chaises en plastique, pendant qu'un jeune cadre, revenu de la ville «à cause du chômage», commente un diaporama sur le nouvel organigramme. Le village est à présent dirigé par un «conseil» de 28 membres, des anciens, mais, aussi, des femmes et des jeunes. En son sein a été désigné un «chef intellectuel», adjoint du «chef traditionnel» qu'il est appelé à remplacer à terme.

Logiciel de gestion. Yacoulidabouo, à 350 km à l'ouest d'Abidjan, en pleine «ceinture du cacao», n'est pas un village ordinaire. «On change, mais on ne bouscule pas les anciens», affirme le jeune cadre revenu à la terre. Or, les anciens doivent s'accrocher pour interpréter un budget annuel de 50 000 francs environ, équilibré en recettes et dépenses, tenu à jour grâce à un logiciel de gestion. Des ordinateurs sont aussi à l'usage dans les deux écoles et à la radio locale, une station FM qu'animent une douzaine de jeunes, dont un ancien parachutiste limogé de l'armée