En son palais abidjanais, le chef de la junte reçoit devant les caméras le peuple de ses admirateurs. Ce jour-là, c'est l'association «Cerveau collectif Gueï Robert» qui est venue lui exprimer son inconditionnel soutien. Le journal de 20 heures retransmettra fidèlement la rencontre entre l'homme du 24 décembre et ses fans. A la télévision ivoirienne, le menu ne varie guère. Sur fond de musique style ORTF, le compte rendu minutieux des «activités du chef de l'Etat: le président de la République, le général de brigade Robert Gueï», ouvre invariablement la séquence. Et comme le numéro un est très actif, cela peut prendre une demi-heure. Un directeur de la télévision, pourtant nommé par le général, qui s'était inquiété de la lassitude du téléspectateur, a été remercié. «Cette stratégie qui consiste à envahir l'écran peut réussir auprès des électeurs indécis des campagnes, explique le politologue Paul N'Da, car, dans la mentalité africaine, celui qui est déjà assis au pouvoir, on le laisse, même s'il ne vous plaît pas.»
La Côte-d'Ivoire n'a pas de radios d'information privées capables de faire contre-poids aux médias officiels, dans un pays où la majorité est illettrée. Le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo ne cesse de dénoncer «l'accaparement» de la télévision et de la radio nationales par la junte. Pour empêcher un trucage du scrutin, il a mis en place un dispositif parallèle, et informatisé, de décompte des voix. Mais, en cas de contestation des résultats officiel