Washington
de notre correspondant
C'était initialement un projet de loi simple qui devait assouplir l'anachronique embargo américain contre Cuba et réchauffer les relations entre les deux pays. Le texte final, voté mercredi par le Sénat, semble avoir abouti à l'effet inverse. Brandissant des portraits d'Abraham Lincoln, des dizaines de milliers de Cubains (800 000 selon le chiffre officiel) ont défilé le même jour dans les rues de La Havane, avec, en tête du cortège, Fidel Castro (73 ans), pour protester contre le «durcissement» du «blocus assassin» et attirer l'opinion américaine sur le «grossier mensonge» que ses élus essaient de lui vendre. Car, entre-temps, la campagne électorale s'en est mêlée.
Bémols. Pour ne pas fâcher les 450 000 électeurs cubano-américains de Floride, un Etat considéré comme une des clés des élections du 7 novembre, le Congrès a assorti le texte de tellement de bémols que celui-ci est devenu presque plus rigide que l'embargo version 1962. Bill Clinton a annoncé qu'il signerait la loi. George W. Bush, qui ne peut se permettre de perdre les élections en Floride, a condamné «l'assouplissement des sanctions», et Al Gore s'est tu. Le texte autorise la vente de nourriture et de médicaments à Cuba dès le printemps 2001. Les raisons sont à la fois humanitaires (le lait en poudre continue d'être rationné à Cuba), politiques (la guerre froide est finie, la «normalisation» du régime cubain doit être accélérée) et bassement commerciales: les lobbies agricoles lorg