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Libération

A Yangzhou, un passé très présent

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Escale dans la cité natale du leader chinois.
publié le 21 octobre 2000 à 5h37

Yangzhou envoyé spécial

Une porte laquée noire encastrée dans un mur de brique grise, sans nom ni numéro: la maison d'enfance du président chinois, Jiang Zemin, dans la vieille ville de Yangzhou, n'est ni signalée ni gardée. Pourtant, un petit groupe s'approche. Une femme venue d'Urumqi, à l'autre bout du pays, explique qu'elle rend visite à son frère à Yangzhou et en profite pour voir la maison où a grandi le chef de l'Etat. Son frère est venu malgré lui: «Je m'en moque, de cette maison. Et toutes ces rénovations autour, c'est comme aux temps féodaux, on tape la fesse du cheval (expression chinoise qui signifie flatter, ndlr) pour faire plaisir à Jiang.» Attablé à quelques ruelles de là devant un plat de riz frit, un retraité se plaint que Jiang Zemin a délaissé sa ville: il n'y est revenu qu'une ou deux fois depuis qu'il est le chef du Parti communiste chinois. «Mais nous sommes quand même fiers d'avoir produit un président», dit son contemporain. Il se félicite que le leader chinois y amène un étranger: «Un président européen, allemand je crois»... Un autre habitant s'offusque à l'idée que sa ville puisse devenir un jour un but de pèlerinage, comme le sont devenus les lieux de naissance de Mao Zedong et de Deng Xiaoping: «Qu'a-t-il fait pour mériter ça?»

Ces réactions montrent un esprit critique à l'égard du pouvoir comme la Chine n'en a pas connu en un demi-siècle d'un régime qui a poussé jusqu'au paroxysme le culte de la personnalité. Et si Jiang Zemin semble tenté d'insc