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Libération

Le général Gueï, maître de balai.

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publié le 21 octobre 2000 à 5h38

Abidjan envoyés spéciaux

Depuis que le général Gueï s'y est installé en mai dernier, cinq mois après le putsch qui l'a porté au pouvoir, la présidence ivoirienne s'est transformée en un campement militaire barricadé. Dans la vaste cour, entre les 4x4 de sa garde rapprochée et un pick-up transformé en popote, avec la nourriture du jour étalée sur le plateau, des sans-grade prennent à partie des officiers. Ce sont les «jeunes gens» du général, ceux à qui tout est permis depuis qu'ils lui ont demandé, le 24 décembre 1999, de prendre la tête de leur mutinerie. A ce jour, le «général-Père Noël» n'a pas fini de rembourser cette dette. Mais, pour satisfaire la troupe sortie des casernes pour la première fois dans l'histoire de la Côte-d'Ivoire, Robert Gueï a dû se muer en père Fouettard de la nation.

T-shirts à effigie. L'homme est pourtant d'un abord facile. Dans le salon qui sert d'antichambre, des visiteurs attendent, parfois rien de précis. «On est là», dit l'un d'eux, attablé avec d'autres devant des tasses de café asséchées depuis longtemps, transformées en cendriers. Il n'ajoute rien, l'acte de présence étant une raison suffisante. Même chose pour cet Européen, au profil de «petit Blanc», qui se tient debout, agrippé à son attaché-case. «Je suis ici depuis six heures du matin», indique-t-il, comme si dix heures de station verticale constituaient une irréfragable preuve de loyauté. Le général Gueï entre par une porte, sort par une autre, revient avec un lot de T-shirts à son ef