Abidjan de notre correspondante
«Rira bien qui rira le dernier.» Le ministre de la Communication et membre de la junte, Henri Sama, a une conception toute militaire de la plaisanterie. Alors que les premières tendances donnaient hier le candidat socialiste Laurent Gbagbo largement gagnant, le capitaine de corvette Sama annonce, dans l'après-midi, que le général-président Gueï «va gagner et bien gagner». Quatre heures plus tard, un groupe d'une trentaine de militaires boucle le siège de la Commission nationale électorale (CNE), en interdit l'accès aux journalistes et aux observateurs. Des gendarmes prennent position dans plusieurs points de la capitale. Le président de la Commission fait ensuite une apparition «rassurante» à la télévision, qui n'a plus donné de résultats depuis la mi-journée: «On a dit que j'étais arrêté, je suis là, tout va bien, les résultats vont reprendre à 19 heures.» A 19 h 30 en heure locale (21 h 30 à Paris), faute de nouveaux résultats, au moins l'accès à la CNE était redevenu libre...
Au moment de la «pause», la CNE s'apprêtait à divulguer les chiffres les plus défavorables au «candidat du peuple» Robert Gueï, ceux des grandes villes, Abidjan notamment. Face à la défaite annoncée de leur héros, certains militaires avaient décidé de tenter un hold-up électoral dont nul ne savait encore, hier soir, s'il allait réussir. Mais le rapport de force paraissait défavorable aux malfaiteurs. Selon les chiffres du camp socialiste, Laurent Gbagbo remportait en eff