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Libération

A Beït Jala, deux polices colocataires et coopérantes

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Israéliens et Palestiniens travaillent toujours ensemble.
publié le 25 octobre 2000 à 5h44

Beït Jala envoyée spéciale

C'est une maison blanchâtre à deux étages comme on en croise des centaines sur les collines de Cisjordanie. Murs écaillés. Plantes emmêlées. Perron encombré. Pourtant, elle est unique. Sur son toit, près d'une guérite où veille un soldat, deux drapeaux sont plantés côte à côte: l'israélien et le palestinien. Sous la pluie battante, les emblèmes ont triste mine. Mais ils se frôlent presque au moindre coup de vent. Comme Sharon Levy et Farouk Amine, les deux responsables de ce DCO (District Coordination Office) de Beït Jala.

Ecoute. Israéliens et Palestiniens ont peut-être rompu tout contact politique et diplomatique depuis la reprise de l'Intifada, mais ils continuent à travailler l'un avec l'autre sur le terrain. Ou au moins à se parler et à s'écouter. Ils vivent même encore ensemble ­ malgré la «pause» décrétée par Ehud Barak dans le processus de paix ­ dans ces DCO implantés dans chaque grande ville de Cisjordanie depuis la signature des accords d'Oslo. Ici, à Beït Jala, près de Bethléem, la police palestinienne occupe le premier étage de la maison, et l'armée israélienne le deuxième. Chacun a son propre accès mais les deux se parlent sans cesse. Directement ou par téléphone. Surtout ces derniers jours, quand les tirs s'intensifiaient entre Beït Jala et la colonie israélienne de Gilo qui lui fait face. «Quand on a entendu les premiers coups de feu, on a appelé le commandement palestinien et on lui a dit: "On va riposter, ce serait mieux de faire év