Abidjan de notre correspondante
Désormais, c¹est moi qui suis le chef de l¹Etat», s¹écrie Laurent Gbagbo. Explosion d¹applaudissements de la foule de ses partisans. C¹est la réponse à l¹autoproclamation du général Gueï, qui a coupé court au décompte des voix en s¹attribuant d¹office 52,72 % des suffrages. Les résultats établis par le Front populaire ivoirien (FPI), à partir des procès-verbaux recueillis par ses représentants dans les bureaux de vote, avaient donné le candidat socialiste gagnant avec 59,5 % des suffrages, contre 32,9 % au candidat Robert Gueï. Sûr d¹avoir remporté le scrutin, l¹opposant se révolte contre la confiscation de sa victoire et entraîne les siens: «Je demande à tous les militants de se dresser pour faire barrage à l¹imposture», lance-t-il au siège de son quartier général de campagne, dans un secteur résidentiel d¹Abidjan. «Dans toutes les villes, dans tous les quartiers, les patriotes ivoiriens doivent prendre la rue jusqu¹à ce que le droit soit reconnu et que Gueï recule.»
«Chasser le dictateur». Quelques minutes plus tard, les troupes du candidat socialiste, les doigts levés en «V», scandent «Gbagbo président!» et se mettent en branle. «Nous allons à la télévision puis à la présidence, on va tous se retrouver là-bas pour chasser le dictateur!» Partout en ville, les petits groupes qui n¹attendaient que le mot d¹ordre du parti font route vers le centre-ville. A deux cents mètres du siège de la télévision, gardée par des militaires depuis le coup d¹Eta