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Libération

L'Autriche retrouve un peu la mémoire

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Un Mémorial de l'Holocauste est inauguré à Vienne.
publié le 25 octobre 2000 à 5h44

Vienne de notre correspondant

Les Autrichiens en avaient assez de s'entendre reprocher l'absence de tout sentiment de culpabilité à l'égard des crimes nazis. Pour preuve que les choses changent, le gouvernement autrichien a signé hier un «accord historique» avec le secrétaire adjoint américain au Trésor, Stuart Eizenstat, en vue de dédommager les travailleurs forcés utilisés entre 1938 et 1945 sur le territoire autrichien. Et aujourd'hui, veille de la fête nationale autrichienne, Vienne inaugure en grande pompe son premier monument à la mémoire des victimes juives autrichiennes de l'Holocauste.

Modèle allemand. Le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel peut être satisfait: alors que circule toujours en Europe l'idée que l'Autriche, à la différence de l'Allemagne, n'aurait jamais engagé de travail sur son passé, son gouvernement a réussi à régler le dossier des travailleurs forcés en même temps que le grand voisin germanique. Quant au Mémorial de l'Holocauste, Vienne a achevé le sien avant même que les travaux (gigantesques) de celui de Berlin commencent.

Planté au milieu de la Judenplatz, au coeur de l'ancien ghetto juif du Moyen Age, dans le premier arrondissement de la capitale, le mémorial est l'oeuvre de l'artiste londonienne Rachel Whiteread: un cube de béton dont les murs représentent les rayonnages d'une bibliothèque aux livres disposés à l'envers, la tranche tournée vers l'intérieur, symbole d'ouverture sur l'infini. Sous le monument, à côté des restes d'une synagogu