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Libération
Analyse

L'aventure, au risque d'un bain de sang

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Isolé, le général n'est plus entouré que de pousse-au-crime.
publié le 25 octobre 2000 à 5h45

Ivre de pouvoir, putschiste à Noël et président autoproclamé depuis hier soir, le général Robert Gueï a entraîné la Côte-d'Ivoire dans une aventure sans issue autre qu'une effusion de sang. L'homme qui, de façon surréaliste, s'est adressé depuis sa présidence bunkérisée au «grand peuple ivoirien» en le tutoyant («Dans un grand élan de dignité et de solidarité, tu viens de me porter à la tête du pays... Ce succès t'appartient, c'est la victoire sur les manoeuvres des ennemis de la Côte-d'Ivoire») perdra la partie de folie qu'il vient d'engager. Au prix de combien de vies humaines? De quelles destructions? Il n'y a pas d'autres questions. Car le général Gueï est seul, plutôt otage de son entourage et de ses miliciens que maître de l'armée ou, à plus forte raison, du pays. C'est un desperado, à la tête, tout au plus, de quelques centaines de trompe-la-mort.

Peaux de banane. Apprenti-dictateur, l'ancien chef d'état-major de l'armée ivoirienne n'a voulu organiser des élections que pour sacrifier au rituel vote confirmatif d'un autre temps, pour satisfaire les bailleurs de fonds étrangers ou, selon ses propres dires, pour se «débarrasser des peaux de banane que sont des mots comme "chef de junte", "putschiste", "transition"»... A cette fin, il a éliminé tous ses rivaux de poids, sauf un, l'historique opposant au parti unique, que le général a sous-estimé précisément parce que le socialiste Laurent Gbagbo n'appartient pas à la nomenklatura du pays, n'est pas sorti de la cuisse de fe