Belgrade correspondance
Gros bras et crâne rasé, prêt à dégainer son arme, l'homme chargé de la protection de Dusan Jovic empêche quiconque d'approcher du doyen de l'Université des eaux et forêts. Après avoir repris sa démission, donnée au lendemain de celle de Milosevic, il fait maintenant de la résistance. Comme nombre de fidèles de l'ancien régime, il s'accroche à son poste.
L'administration provisoire des universités de Belgrade, installée au lendemain de la «révolution» du 5 octobre, exige la démission de la plupart des recteurs et doyens désignés par le SPS (Parti socialiste serbe) de Slobodan Milosevic et la JUL (Gauche yougoslave unie) de sa femme Mira Markovic. Ce bras de fer constitue l'un des dossiers les plus chauds pour le nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica. Le mouvement étudiant Otpor (Résistance), qui fut à la pointe de la mobilisation contre Milosevic, menace de descendre à nouveau dans la rue pour obtenir l'abrogation de la loi abolissant l'autonomie universitaire.
Isolement. C'est en juin 1998 que le texte «scélérat» sur le statut des universités a été présenté aux députés, entre deux séances, et adopté à l'unanimité, sans débat ni consultation préalable des professeurs et étudiants. «Cette loi va à l'encontre des conventions internationales et condamne de ce fait les universités serbes à l'isolement», explique Nenad Grujic, professeur d'architecture et membre de l'administration provisoire. Les hommes de l'ancien régime avaient occupé tous les p