Le principal vient de sonner la cloche, quelques coups secs au carillon de cuivre pendu sous le préau. Dans la cour pavée du collège, le brouhaha se meurt. Flanquée du corps professoral présent au grand complet, la directrice trône sur la marche supérieure des escaliers. Tableau de l’autorité bienveillante face à la cohue des élèves. Prestement, les jeunes filles en blouses bleues forment les rangs. Rite immuable dans les écoles palestiniennes, la journée de cours ne pourra commencer qu’après lecture d’un verset du Coran. Suit une reprise cacophonique de l’hymne national en un choeur plein d’entrain qui ponctue le salut aux couleurs. Droites comme des piquets, les étudiantes s’acquittent sans talent mais de bonne grâce. Avant de reprendre à voix basse les bavardages un moment suspendus. Pas de temps à perdre. Déjà les enseignants les poussent vers leurs classes.
Patriotisme. Nuha Shaheen, directrice du collège Rimal de Gaza (un établissement géré par l’ONU comme plus de la moitié des écoles palestiniennes dans les territoires) ne voit aucune malice dans cet embrigadement. «Inculquer aux enfants les notions élémentaires du patriotisme» lui semble une fonction inhérente à sa charge pédagogique. L’exemple des écoles américaines, friandes de ces parades matinales, tombe comme un argument irréfutable de sa bonne foi. Le sujet pince une corde sensible. Les responsables israéliens, plus souvent qu’à leur tour, reprochent aux enseignants palestiniens de nourrir le ressentiment