Washington
de notre correspondant
Abed Hammoud, 34 ans, substitut du procureur à Dearborn (Michigan) et militant démocrate, n'en revient toujours pas. «Bush, lors du deuxième débat à la télé, a osé parler de nous! Un moment très fort.ÊC'est allé droit au coeur des gens. D'habitude, lorsque les candidats parlent des Arabes, c'est sur le terrorisme. Nous nous sommes dit, eh bien, lui n'a pas peur de l'électorat juif. J'ai espéré que Gore enchaîne derrière, mais non, rien.»
George W. Bush n'a pourtant pas dit grand-chose, ce jour-là: «Les Arabes américains, a-t-il glissé, sont victimes du délit de faciès, de ce qu'on appelle la "preuve secrète" (1) (...). Mon ami le sénateur Spencer Abraham, du Michigan, proposeÊune loiÊpour que les Arabes américains soient traités avec respect.» C'était déjà beaucoup.
Fax. Après ce débat, Abed Hammoud, musulman d'origine libanaise, ne pouvait plus convaincre l'Arab-American Political committee action, qu'il préside, de soutenir Gore: «Je manquais d'arguments face à mes amis républicains.» La semaine dernière, son association a donc soutenuÊBush, de même qu'un autre lobby arabe local, l'Arab American and Chaldean Leadership Council. Al Gore a bien tenté de les «retourner» au dernier moment en leur faxant une lettre, mais c'était trop tard.
Pour le candidat démocrate à la Maison Blanche, le vote arabe n'est pas un point de détail. Le Michigan, où les deux candidats sont au coude à coude dans les sondages, est l'une des principales clefs de l'élection