Lipjan envoyé spécial
La balle de kalachnikov était posée sur le seuil de l'appartement sans même une lettre de menace ou un mot griffonné. «Le message était clair: ou tu abandonnes ou tu seras tué», explique Agim Marevci, secrétaire de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le parti des modérés d'Ibrahim Rugova, dans la ville de Lipjan (70 000 habitants), à 30 kilomètres au sud de Pristina. Il ne s'est pas laissé impressionner. Depuis des mois, comme bon nombre des cadres de son parti, il vit avec les coups de téléphone anonymes «une fois ou deux par semaine, parfois plusieurs fois dans la même nuit». Certains craquent. La présidente de la commission électorale municipale, dirigeante de l'organisation locale des femmes de la LDK, a démissionné avant vendredi de ses fonctions. Après la visite, la nuit précédente, de deux hommes en cagoules. Debout dans son jardin, ils n'ont pas dit un mot, ni fait un geste. Elle a compris.
Auteurs non identifiés. Le cas de Lipjan n'est pas isolé. Ces «incidents» sont rarement rapportés par la Minuk (Mission des Nations unies pour le Kosovo) ou la Kfor (la force de l'Otan). Ils montrent le réel climat du scrutin de samedi. Les auteurs des menaces ne sont jamais identifiés, mais personne n'a de doutes. «A Lipjan, il n'y a que les cadres et des militants de la LDK qui sont visés», souligne Michael Hehn, responsable local pour l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) des élections. «Nous, nous n'avons pas de problèmes, ca