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Libération

L'Egypte a le mal de Nasser

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Trente ans après sa mort, le raïs reste vénéré, malgré un héritage discuté.
publié le 28 octobre 2000 à 5h54

Le Caire de notre correspondante

Une simple balade au Caire suffit à s'en convaincre. Gamal Abdel Nasser n'est pas mort le 28 septembre 1970. Il est devenu un symbole. Accroché au-dessus du billot d'un boucher, voisinant les coupes à la mode chez un coiffeur, épinglé dans les chambres à coucher, son portrait est partout. Pas autant que celui d'Hosni Moubarak, mais pas loin. Le sourire orné d'une fine moustache, le regard ferme mais compréhensif, Nasser veille sur son peuple. Trente ans ont passé, la nostalgie est plus forte que jamais. A chaque anniversaire, à chaque sursaut de l'Histoire, l'Egypte pleure l'absence de celui qui incarnait son honneur, sa grandeur. Tout en s'autorisant le droit d'inventaire.

23 juillet 1952. Les «officiers libres» et Nasser renversent la monarchie. Le roi Farouk quitte l'Egypte à bord de son luxueux yacht, emportant dans son sillage les derniers vestiges de la colonisation britannique. Quatre ans plus tard, Nasser prend la tête de l'Etat et nationalise le canal de Suez. Le peuple applaudit et se convertit aussitôt à la sainte trinité nassérienne: «Liberté, unité et socialisme». En quinze ans de règne, Nasser va transformer l'Egypte. Il veut briser la féodalité et redonner au peuple le sens de la fierté. Il nationalise les entreprises, redistribue les terres. Avec le grand barrage d'Assouan, il apporte l'eau et l'industrialisation. Enfin, et surtout, il exalte l'identité arabe, galvanise les foules et devient, de «l'Atlantique au golfe Persique»,