Beyrouth de notre correspondante
Rafic Hariri a plus d'une raison de se féliciter. Premier ministre fraîchement désigné, il revient au pouvoir après en avoir été écarté il y a deux ans. Grand vainqueur des législatives de cet été, il se taille la part du lion dans le gouvernement nommé jeudi, avec huit ministres sur trente à sa solde. Surtout, le milliardaire peut se targuer d'avoir formé le cabinet «le plus représentatif depuis la fin de la guerre», en 1990. Pour satisfaire le plus grand nombre et respecter les délicats équilibres confessionnels et politiques, on a choisi une formule élargie de trente ministres. On y trouve aussi bien un Ghassan Salamé (Culture), professeur à Sciences-Po, qu'un Elias Murr, gendre du Président, à l'Intérieur. Tous les courants parlementaires sont là. A commencer, bien sûr, par les plus prosyriens. La nouvelle équipe compte au moins six ministres directement inféodés à Damas, dont certains se sont vu confier des portefeuilles clés, comme la Défense.
Mais la Syrie, étroitement associée au choix du cabinet, a fait preuve d'ouverture envers un camp chrétien exclu du pouvoir depuis la fin de la guerre à cause de son désaveu de la pax syriana. Quelques figures maronites (la plus grande communauté chrétienne), représentant toutefois l'aile modérée de ce courant, ont intégré le gouvernement dans un remaniement de dernière heure, imposé par la grogne populaire... et par Walid Joumblatt. Le chef druze a en effet tenu à se faire représenter par un chréti