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Libération

«On nous tue à petit feu»

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publié le 28 octobre 2000 à 5h54

Starye Atagui envoyée spéciale

«Ce n'est pas une guerre, c'est un assassinat collectif, on nous tue à petit feu.» Les yeux cernés, Andarbek Bakaïev, 38 ans, ne mâche pas ses mots. Le chirurgien chef de l'hôpital de Starye Atagui a perdu tout espoir de voir le conflit russo-tchétchène se terminer rapidement. Fumant cigarette sur cigarette, il raconte d'une voix blanche: «Le 7 septembre, une quinzaine de Russes masqués ont fait irruption dans l'hôpital vers 7 heures du matin. Ils ont pointé le doigt sur l'un de mes malades arrivé en mars, Edilbek Issaïev. A peine remis de ses blessures d'obus, cet homme de 33 ans marchait encore avec des béquilles. Ils m'ont promis de me le ramener. Six jours plus tard, un paysan du coin a trouvé une fosse commune au bout de son champ, avec quatre macchabées empilés. Le corps d'Edilbek était au-dessus de celui de trois autres jeunes hommes qui avaient disparu», rapporte-t-il le regard dans le vide.

«Nettoyage». Andarbek ne veut pas savoir si son patient était un boïvik (rebelle indépendantiste) ou non. Tout ce qu'il sait, c'est que cette guerre n'est pas une guerre comme les autres. «Il n'y a pas de front, pas d'ennemi visible.»

Depuis que, début février, les combattants indépendantistes ont quitté en masse Grozny, offrant la possibilité aux forces russes de s'y installer, les combats entre «fédéraux» et groupes de rebelles armés ont cessé. En revanche, les exactions des soldats russes n'ont cessé de se multiplier. Il ne se trouve pas un seul vil