Menu
Libération

Tany, battue et condamnée, bouleverse l'Espagne

Article réservé aux abonnés
La gitane est incarcérée pour le meurtre de son mari violent.
publié le 28 octobre 2000 à 5h54

«Nous sommes toutes des Tany.» «Liberté pour Tany!» C'est sous les applaudissements d'une foule de 2 000 femmes que Teresa de Jesus Moreno Maya, dite «Tany», s'est présentée cette semaine à la prison Alcala-Meco, au nord de Madrid. Cette gitane de 49 ans, mère de 8 enfants, doit y purger quatorze ans et huit mois de détention pour le meurtre de son mari en avril 1995. L'affaire a suscité une extraordinaire mobilisation en Espagne, car son cas est emblématique d'un fléau national: la violence conjugale. Selon les statistiques officielles, 42 femmes en sont mortes l'an dernier.

Victime de coups et de mauvais traitements depuis des années, Tany a plaidé en vain la légitime défense, face à un mari qui la menaçait de son revolver. Dans la bagarre, le coup serait parti, tuant l'homme en pleine tête. Escortée du maire communiste et des élus de sa commune de Rivas, de militantes féministes, d'actrices, de chanteuses et de milliers d'anonymes, la mère de famille a franchi en larmes le seuil de la prison: «Je vous remercie tous d'être venus. Je ne croyais pas qu'il y aurait autant de gens.»

La gauche espagnole s'est mobilisée, avec une pétition, pour obtenir sa grâce. Dans la foule, mardi soir, la militante féministe Cristina Almeida dénonçait le machisme des tribunaux: «Il y a quelques jours, un homme n'a été condamné qu'à deux ans de prison pour le meurtre de sa femme.» Au sein même du gouvernement de droite, le ministre de la Justice Angel Acebes a promis d'être «très réceptif» au ca