Dans son discours d'investiture, la semaine dernière, le nouveau président, Laurent Gbagbo, a promis une large réunion de «réconciliation nationale». Vaste chantier. La Côte-d'Ivoire a découvert, vendredi, l'existence d'un charnier. 57 corps, selon un bilan définitif donné hier soir par le minisitre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou. Tués par balles et retrouvés à Yopougon, à l'ouest d'Abidjan. Hier, les rumeurs sur l'existence «d'autres charniers» et de «fosses communes» ont circulé. Faut-il y voir «un chemin qui mène au Rwanda», comme le dit Aly Coulibaly, porte-parole du RDR (Rassemblement des républicains, le parti d'Alassane Ouattara)? Selon lui, «tout ça était inscrit, programmé. Les médias surfent sur l'ivoirité, les politiques jouent avec le feu de l'ultranationalisme, les musulmans sont stigmatisés». La gendarmerie serait directement impliquée dans le massacre. Ce que réfute son numéro deux, le commandant Batté. «Impossible, ce n'est pas dans notre tradition», s'énerve-t-il. Mais Affi N'Guessan, le nouveau Premier ministre, estime «que ces éléments sont extrêmement graves et qu'il faut vite enquêter». «Ce qui est sûr, ajoute-t-il, c'est que ce charnier est le fruit d'une opération organisée.»
Tout le week-end, les rumeurs d'attaque ont couru d'un quartier à l'autre et les habitants ont mené des rondes de nuit, certains que «les autres» n'étaient pas loin. Déjà, le Front populaire ivoirien (FPI) du socialiste Gbagbo et le RDR se renvoient implicitement la responsabili