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Libération

«Participer à l'Intifada autrement»

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publié le 30 octobre 2000 à 5h55

Bir Zeit (Cisjordanie) envoyé spécial

A Ramallah, c'est un nouvel après-midi de colère qui commence. Mais à l'université de Bir Zeit, la bataille en cours apparaît étrangement très loin. Deux mondes séparés par quelques kilomètres. Dans l'un, l'Intifada est dans les poings qui se referment sur des pierres, dans les frondes qui se tendent en direction des soldats israéliens, dans les cris pour appeler l'ambulance parce qu'un jeune Palestinien vient d'être foudroyé par un tir à «balle réelle». Dans l'autre, l'Intifada est dans les têtes, dans les discussions, dans la solidarité que l'on manifeste verbalement pour ceux qui se battent et tombent en première ligne. Deux mondes qui ne se fréquentent pas ou très peu. A Ramallah, derrière les voitures calcinées face au barrage israélien, dans l'air empoisonné par les gaz lacrymogènes et la fumée des pneus qui brûlent, c'est le monde des gamins des camps, des bandes d'écoliers peu en phase avec l'école, des adolescents sans présent ni avenir. A Bir Zeit, sur le campus, c'est celui des professeurs et des étudiants qui, samedi, se retrouvent pour le premier jour de la rentrée universitaire, se chamaillent en rigolant, parlent politique à la cafétéria ou des difficultés qu'ils ont eues pour arriver jusqu'ici à cause du blocus israélien des villes palestiniennes.

Fermée six ans. Bir Zeit, pourtant, a toujours été une université rebelle, emblématique du combat nationaliste palestinien. Elle a longtemps rassemblé les militants les plus à gau